Des cendres en Sépia
En ce soir de début Aout, j'appuie sur le starter de mon PC pour qu'il démarre enfin dans un toussotement d'agonie longue. Et je me retrouve comme souvent, beaucoup plus souvent que les écrits rares épars qui s'étendent sur des années de blog laisseraient le penser, devant un bloc note virtuel dont la vie ne tient qu'à une pression de l'index.
Le cliché d'une musique triste aux accents torturés en fond, la tête ailleurs et nulle part, réfléchissant et me laissant porter par une parole d'Oiboré, disant qu'il ne fallait rien abandonner, parce que ce qu'on avait perdu pouvait revenir, mais pas ce qu'on avait abandonné. Somme toute le processus de renoncement, qui fait que même lorsqu'une occasion se présente et qu'il serait possible de ranimer un phoenix potentiel, elle est déjà perdue du fait de notre état d'esprit.
En regardant encore vers le passé, je contemple les négatifs des souvenirs que je n'ai pas eus, de ce que je n'ai pas vécu parce que je n'ai pas osé, fait un pas, et à côté, ceux pour lesquels le fatum fantasque n'a pas infléchi la balance de mon côté. Les premiers ont une odeur de cendres, incrustés en noir et gris sur une toile morte. les autres ont pali, usés par le temps, presque en mode sépias... Des parchemins, certes, mais recellant encore une petite chaleur.
Par conctruction photoshopienne cérébrale et un zeste d'imagination, j'ai mis bout à bout tous ces moments en réécrivant l'histoire...et en pesant sur le plateau où je me trouve. En contemplant le tableau ainsi dépeint, il était affreusement triste, et ennuyant. Plein de couleurs, de succès, et d'accomplissements qui n'avaient finalement.... aucune saveur....
Alors j'ai retravaillé mon diaporama, en repassant en Sépia les images controuvées, et j'ai conservé mes souvenirs comme ils étaient. En attendant qu'un jour, peut être, certaines s'ajoutent à la file des images jaunies, pour écrire une suite à des points de suspension qui auraient mérités une trilogie.
Et je ressors mes fusains pour rajouter des barbes à mon sac de billes...