Broie du noir

Publié le par konda galner

Ca y est... C'est chronique.... C'est le week-end, fabuleux moment de détente où les uns, changeant leur costume de fourmi pour un air de cigale prévoient d'hebdomadaires banquets faisant sembler frugals les anciennes orgies, et les autres s'en vont déambuler dans les lieux de débauche nocturnes communs destinés à expulser les tensions, enfouir les ressentis, et calmer l'ardeur populaire pour maintenir un semblant d'ordre dans un monde absurde. Du pain et des jeux, selon l'adage Juvénalien. En fait, depuis Rome, on a pas tellement évolué. Même avant d'ailleurs... Tant qu'on peut se remplir la panse et s'anesthésier la conscience devant une finale au Parc des princes, ou la déconfiture d'un aspirant chanteur que personne ne connaîssait deux semaines avant mais que tout le monde aiiiiiiime maintenant tellement il reflète dans son brushing tout ce que nous sommes, et qu'en plus il est trop beau, bref, tant qu'on évite de risquer de griller un neurone, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. (Et une eprouvette pour Noel, une !!! )

Et bien moi pas... Ce week end, mon cafard a décidé de me rendre visite à l'improviste, et comme une tâche, il s'incruste... Ce n'est pas tout à fait ce que j'attendais comme visite, ayant laissé la nuit dernière la fenêtre ouverte malgré la menace cyclonique, j'esperais plutôt une petite fée blonde habillée en vert qui serait venue me chercher pour aller combattre les pirates. Oui, je connais le chemin, 2ème étoile à droite, et filer tout droit, jusqu'au matin, mais la seule poussière que je puisse utiliser est celle que je cache sous le tapis. A mon dernier essai - la mise au point nécessitera quelques temps encore - j'ai flotté pendant un millième de seconde avant que son effet ne s'estompe... Deux étages plus bas. C'est donc un insecte noir et glauque à la place d'une luciole sexy qui a franchi l'embrasure de ma fenêtre.

Quand même, c'est un calvaire de jouer les hôtes pour un tel triste sire, j'ai beau essayé de le distraire, lui proposer un karaoke sur les airs de dessin animé de notre enfance, jouer à chat lui fait peur, (forcément, c'est un cafard), il ne parle pas, il ne sourit pas, en fait, il passe son temps à manger et à me happer de tout le vide de son regard. M'en fous remarque, le frigo est vide... Et c'est effrayant de constater, lorsqu'on le fixe, qu'il renvoie au propre vide intérieur qui me hante. Tiens, ca me rappelle un strip de Maliki (www.maliki.com, je vous le conseille...), où elle imaginait que nos âmes choisissaient à chaque incarnation le type de vie qu'elles auraient, en fonction d'un degré de conscience. L'inconscient autiste, l'insouciant beauf, le standard classique, ou le hard core... Et le hard core, c'était celui qui avait une conscience suraigue de la vanité de l'existence.

Alors oui, je broie du noir, et je le fais BIEN ! Avec une conviction inébranlable, une assiduité digne du cercle des poêtes disparus, tant je fais valoir mon droit à l'immobilité. Mais.... Hey, je vous parle ! Partez pas, non, restez, soyez cool... Il fait sombre ici, et... j'ai peur du noir.... C'est pour ca d'ailleurs que je le broie avec autant de régularité, je me dis que peut être, comme ça, il en restera moins....

Publié dans délires

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