Ethereel
J'entends souvent parler au divers endroit où je ne fais que passer, de différences fondamentales etre réel et virtuel... J'avoue bien volontiers souvent ne pas comprendre ces discours étranges, où l'on prétend si facilement que ce qui n'est pas à la portée de notre main n'existe finalement pas. Le réel se définit il alors par le sensoriel ? Tout être, toute chose, n'a donc de réalité que par sa matérialité ? Descartes alors, se retournerait dans sa tombe, se réveillerait en sursaut, et infligerait une belle bosse à son squelette, si il savait qu'il s'était ainsi fourvoyé, et que l'existence se résume finalement au toucher de l'autre.
Je touche, donc tu es.
Quelle sinistre mélopée, de réduire donc ainsi, et si naturellement, la complexité de l'humanité à sa simple matérialité... Nous venons d'assister à la fin de l'homme, il a été instantanément métamorphosé en une somme de réponses sensorielles, qui sont autant de stimulis réciproquement échangés. De ce fait, c'est assez paradoxal de constater, selon cette vision que le virtuel n'existe pas, que les échanges humains bien réels se rapprochent alors affreusement de ceux d'automates en réseau... Question robotique, je préfère la version d'Azimov, au moins, ils avaient un peu de morale...
Pire encore : l'inexistence de l'autre, sa non-matérialité induite par l'absence de son regard en face du notre provoque un espèce de sentiment de liberté totale et malsaine, c'est juste, au bout du compte, une distraction que l'on possède. A titre d'exemple, prenez tous ces héros superbes sur les forums de discussion, que l'on voit si aisément fouler de leurs pieds magnifiques ceux qui les entourent, en laissant libre cours à leurs plus bas instincts. Vous voyez vous donc ainsi, leaders charismatiques à la petite semaine, crachant vos biles ? Là, vous êtes réels, et baissant les masques de vos avatars, libérés de vos peurs et calfeutrés dans cette armure d'intangible, vous tentez d'écraser celui qui est à côté de vous.
J'écrase, donc je vis.
Pourtant, certains viennent discuter juste pour un moment de détente, ou parce qu'ils ont besoin d'un contact, (ahhh mais j'oubliais que celui-là n'a aucune réalité, il n'existe pas), d'une oreille, ou d'une parole. parfois certains se livrent parce qu'ils n'ont pas la force de le faire en face à face, avec une personne (réelle ?), connue... Ceux là, on les rembarre, on les rejette. On risquerait d'écouter un moment, qu'est ce à tout prendre ? Les pleurs sont trop lourds à porter, on préfère les éluder... Epancher une larme, on pourrait subir le terrible péril de l'essuyer...
J'épanche ? Non !!! Je fuis !!!!
Alors je passe certainement du temps devant un écran, à écrire, parfois à d'autres, parfois ce soir comme à moi-même. je navigue sur des réseaux virtuels, intangibles, certains diraient d'une non existence passive ? Non, je suis plus vivant dans mes écrits, dans mes dialogues et monologues réalisés du bout de mes doigts sur un clavier, que vous ne l'êtes dans tous vos automatismes contrôlés, induits et provoqués par les us et coutumes d'algorithmes sociaux et comportementaux éduqués. Je ressens ce que j'écris, ce que je vous échange, et ce que vous me répondez, et ces émotions-là, colère, joie, compassion, tristesse, rire, tendresse, sont bien réelles, et vécues. Au sein de ma source d'éther, je vis, parce que c'est là que je suis. Parfois à la dure, avec nombres de points de sutures, j'apporte ou reçois cet échange humain, qui est juste ce dont il était besoin.
Je panse, donc je suis.
Au final, il n'est pas de virtualité, sinon, un terme pour différencier juste l'échange venant du sensoriel direct, primaire, à celui plus éthéré d'une compréhension de l'âme, nécessitant un toucher sensoriel que l'on nomme Empathie. Et c'est à cet endroit où nulle route ne mêne que se trouve mon humanité : au sein de l'Etheréalité.