Homo Ovinus

Publié le par konda galner

A l’époque où l’homme venait à peine d’apparaître sur la surface de la Terre, les autres espèces animales disposaient d’une conscience et d’une organisation qui feraient pâlir les sociétés actuelles. Ainsi, alors que cette espèce nouvelle intriguait beaucoup les autres animaux, et ceux-ci se rendant bien compte que cette parodie de singe était une coquille vide et inadaptable, ils décidèrent d’insuffler en eux leurs esprits, afin que, comme l’empire animal avait su le faire, les hommes trouvent un équilibre et une organisation harmonieux.

 

Des vestiges de cet événement subsistèrent à travers le temps, ainsi, dans diverses cultures, cette cérémonie est encore célébrée. On suppose notamment que l’attribution des totems chez les indiens d’Amérique du Nord provient de là.

 

Le jour de la rencontre, chaque représentant de chaque espèce s’avança vers les hommes, et ceux-ci choisirent, selon leur instinct, d’avancer vers l’un ou l’autre, les affinités se créant, et les consciences se frôlant. La gazelle inspira la grâce des danseurs et de la nature féminine, le lion le port altier et le charisme des meneurs, les oiseaux le chant et les harmoniques sonores, le loup la loyauté, la fidélité, et l’indépendance.

 

Mais un incident provenant même de la nature d’un animal survint. Le représentant des moutons, comme l’inclinaison de son être lui soufflait, vint avec l’intégralité  de son troupeau en tant que suite, si bien qu’une quantité fabuleuse d’hommes se tournèrent vers eux plutôt que vers les autres dignitaires. Les conséquences en furent désastreuses, l’esprit du mouton s’inscrivant en profondeur au sein de l’humanité, forçant un instinct grégaire là où des leaders pouvaient émerger, une attitude d’imitation de copie conforme quad l’inspiration de la création et l’originalité avaient le moyen de s’exprimer, et une plainte lancinante et bêêêêlante s’élevant en lieu et place de logique et de réflexion.

 

Depuis lors, les communautés animales se sont écartées les unes des autres, se méfiant des influences de ceux qui n’étaient pas des leurs. Les hommes, eux, furent garder à l’écart, et laissés corrompus en bon fils de Panurge à leur sombre avenir. Parfois, il arrive qu’un loup, un ours, un aigle ou un requin surnage et s’élève de notre communauté, mais quotidiennement, au sein du mimétisme bancal et grotesque que nous voyons tous les jours, des moutons passent devant nos yeux.

 

Cela nous paraît normal tellement nous sommes habitués, et au travers de notre phrasé même, cela transpire :

« et bêêêêêêêêhhh ? qu’est ce que tu fêêêêêêêêh ? »

« mêêêêêêêêhhhh, où tu vas ????? »

 

Et nous allons paître au champ tous, les uns derrière les autres, avant de revenir dans l’enclos le soir……

 

Pour recommencer le lendemain…

Publié dans histoires courtes

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